samedi 29 mai 2010

Cadeaux, émotions et Bittt à Tibi




Photo 1 : Voilà la toute dernière photo prise avec mon premier appareil photo numérique qui a été mon compagnon d'aventures depuis 6 ans. Ma petite Maman, une grande dame, hier soir, au Salon du livre de l'Abitibi-Témiscamingue, à Val-d'Or.

Photo 2 : Voilà la toute première photo prise avec mon nouvel appareil que j'apprivoise présentement. Mon sujet était plus jeune, comme mon appareil, je venais de sauter deux générations!

Photo 3 : Cet après-midi, de chez moi, je voyais au loin ce bateau et le petit voilier. Toujours avec mon nouvel appareil, j'ai pratiqué les « rapprochements » et vous n'aurez pas besoin d'une loupe ni de mes explications pour les voir!

Cadeaux, émotions et Bittt à Tibi

La journée d'hier a été riche en émotions pour moi. Je ne vais pas pouvoir tout vous raconter. Y a des journées et des soirées de même... Hors du temps et de l'espace, on dirait...

13 heures, pas le temps de dîner, je m'affaire à terminer mon travail et mes préparatifs, j'ai rendez-vous avec Crocodile Dundee à son travail à 14 heures, et ensuite avec ma mère que j'ai invitée à venir avec moi à Val-d'Or, au Salon du livre. Comme toujours, je fais trois choses en même temps pour être capable d'arriver à l'heure. Crocodile Dundee a l'air étrangement heureux et fébrile. Je me dis que c'est parce qu'il s'en va dans quelques heures à notre camp de Rapide Deux avec Dominic et que je leur apporte une glacière bien remplie de bonnes choses qu'ils aiment. Dominic est là, Isabelle aussi, le partenaire de travail de Crocodile Dundee également. Moment de folie à cinq.

Dominic me dit : « Tant qu'à aller à Val-d'Or, as-tu prévu te rendre au vernissage du Centre d'exposition où Raôul Duguay expose dans quelques heures ses toiles et ses sculptures? » Je voulais y aller mais j'ignorais si ça allait intéresser ma mère puisqu'elle m'accompagnait. Dominic m'a dit qu'il aurait dû être là, mais qu'il débutait son nouveau tournage alors si je pouvais y aller à sa place, pour lui raconter l'événement, il serait ravi. Il m'avait parlé du film qu'il avait tourné avec Raôul et qui serait présenté en boucle tout au long de l'exposition, dans le cadre du 75e anniversaire de Val-d'Or. Il avait été ému et touché profondément de sa rencontre avec l'homme, l'artiste, le créateur, le poète, le philosophe, l'auteur de la Bittt à Tibi. Il m'avait raconté quelques bribes du tournage et les choix artistiques qu'il avait faits pour bien rendre dans son film ce qu'il avait perçu de la magie de cette rencontre.

C'est là que Crocodile Dundee est revenu de la grosse pile de bois avec un paquet dissimulé dans du papier froissé ficelé avec de la grosse corde et une petite enveloppe blanche. Il m'a donné un gros bisou. Ça n'a surpris personne sauf moi. Dans l'enveloppe, une image, et à l'endos, l'écriture d'enfant qui m'émeut toujours, la sienne, écrite au gros crayon de menuisier aiguisé au couteau à gyproc... J'ouvre le paquet mal ficelé, c'est mon nouveau jouet, il y a tout ce qu'il faut et sur mesure pour moi, pour que je prenne des photos beaucoup beaucoup. Dominic était dans le coup depuis le début de la semaine. Il m'explique tout ce que je pourrai faire. Crocodile Dundee répète en arrière de lui tout ce que je pourrai faire! Je me demande qui est le plus content là... Effusions de joie partout, rires, reconnaissance et les menuisiers se remettent à l'ouvrage. Je cours chercher Maman qui m'attend...

En route vers Val-d'Or, Maman se dit intéressée d'aller au vernissage de Raôul. On aura même le temps de prendre une petite bouchée en arrivant là-bas, elle n'a pas eu le temps de dîner elle non plus. Il fait soleil, la route est belle et on discute de ce qui nous intéresse le plus au Salon du livre où l'on ira après le vernissage.

En arrivant là-bas, c'est Daniel qui m'ouvre les portes du Centre d'exposition... et ses grands bras qui me serrent fort fort. Ah Daniel, le vieil ami, l'écrivain, le conteur qui m'appelle encore SON écrivain public, qui venait tout le temps aux Cafés littéraires que j'animais, ça fait si longtemps, mais on ne s'oublie pas même si l'on ne se voit plus souvent. Je croise le regard de Josée qui s'apprête à prendre la parole, elle me salue, me fait signe, c'est sûr qu'on va se parler après... Puis Raôul est là, sa conjointe, son frère Raymond, ses autres frères et soeurs de Val-d'Or et bien des visages connus. Nous devons être 200 personnes à peu près.

Tout à coup, je ressens comme une grande vague d'émotions en revoyant ces sourires, ces clins d'oeil, cet accueil qu'on me fait comme si je revenais chez moi. Cet univers-là, c'était le mien avant, le monde culturel de ma région, les amis dans le travail, les collaborations, les projets fous, l'adrénaline, l'énergie créatrice. C'est si loin mais si près de moi en même temps.

Josée s'approche du lutrin, elle parle du film réalisé par Dominic, elle pense beaucoup de bien de son talent et de son travail, elle nous raconte l'émotion du cinéaste, l'impression qu'a faite Raôul sur lui, ce qui se ressent vivement dans chaque image, chaque parole, chaque plan-séquence, et dans la facture très épurée du film qui laisse toute la place à Raôul. Télé-Québec est fière, dit-elle, de s'être associée à ce jeune cinéaste de talent pour rendre compte de la démarche de l'artiste, et rendre hommage à l'homme, Raôul Duguay. Et puis elle enchaîne en racontant plein d'anecdotes savoureuses, je reconnais la Josée avec laquelle j'ai eu tant de plaisir bien souvent, avant d'entrer en ondes, quand elle était animatrice radio et qu'elle me recevait à son émission et plus tard, quand nous nous sommes croisées dans le travail, sur plusieurs autres projets.

La directrice générale du CEVD et la conjointe de Raôul Duguay, tour à tour, avec simplicité et chaleur, viennent nous présenter l'artiste, peintre, sculpteur, puis l'homme, qui reste bien tranquille, attendant sagement son heure, heureux, chez lui, à Val-d'Or, au milieu des siens à écouter ces présentations. Mesdames et Messieurs, Raôul Duguay!

Pas un mot de Raôul. C'est sa trompette qui s'exprime. Il se promène à travers nous, jouant une pièce musicale tellement belle, je n'ai jamais rien entendu de si émouvant et de si pur. Il nous regarde tous un par un. Ses yeux sourient. Il tournoie sur lui-même, il marche, se déplace, fait la ronde à lui tout seul et sérénade tout le monde qui est là. Un enfant heureux. J'ai vu hier un enfant heureux, de 71 ans, qui nous présentait ses oeuvres récentes, le président d'honneur du Salon du livre et des festivités du 75e anniversaire de sa ville natale, « Dans ce pays qui était comme un oeuf/Le 13 février 1939/J'suis né à Val-d'Or en Abitibi/Dans ce pays qui est encore toutt neuf... »

Raôul termine sa pièce musicale à la trompette en donnant tout ce qu'il a, avec un grand sourire, les bras ouverts. On l'applaudit à tout rompre. Merci. Merci Raôul. Il porte ses mains à son coeur, nous l'envoie avec des bisous, nous fait signe que c'est assez, on se tait, on est sous le charme. Et puis là, c'est là, là, juste là que... à dix pieds de moi...

A capella, il commence à chanter « Moé j'viens de l'Abitibi/Moi j'viens de la Bittt à Tibi/Moé j'viens d'un pays qui est un arbre fort/Moi j'viens d'un pays qui pousse dans le Nord... »

On chante avec lui. Spontanément. Ça vient de notre fond. On chante fort. Le plafond en lève au Centre d'exposition de Val-d'Or. On est fiers. On est de la même famille. De la même race. Du même sang. De la même nature. C'est notre chanson. Celle qu'il nous a donnée. À nous, gens de l'Abitibi, comme lui. Il vient nous la chanter en pleine face, livrée chez lui, chez nous, à Val-d'Or. De toute son âme. Avec fougue et passion. Notre Bittt à Tibi devenue notre hymne, celui que le Québec nous emprunte à la Fête nationale mais qui nous appartient le reste de l'année et qu'on partage tant que vous voulez. On en connaît chaque mot, chaque histoire derrière chaque mot, nos lacs, nos rivières, nos forêts, nos bleuets, notre histoire si jeune, nos pionniers, notre ventre en or... Coooooolonisé... À libérer...

Un moment de grâce. La Bittt à Tibi en direct devant moi, avec Raôul qui se désâme, beau comme un enfant heureux. Je n'oublierai jamais ça. L'énergie qu'il y avait là. À la fin, dans le « À libérer » politique et social qu'on a chanté ensemble, il y a eu deux secondes de silence. On a entonné tout de suite « Mon cher Raôul, c'est à ton tour de te laisser parler d'amour » et il se laissait bercer par nous, les yeux fermés, le grand sourire, la main sur le coeur. On lui devait bien ça!

C'était hier, entre 5 et 7, et ça a continué de même quand il nous a raconté ses souvenirs, son enfance à Val-d'Or, son attachement à la région, à ses parents, à sa famille, à son monde. J'ai vu ses toiles, majestueuses, magnifiques, ses sculptures, sa talle de bleuets géants, si drôle, sa source, la source Gabriel qu'il l'appelle. Ici, on sait que c'est de Gabriel Commanda qu'il s'agit mais aussi de la Maison de soins palliatifs à Val-d'Or, La Source Gabriel. Ses combats pour l'environnement, l'eau, ses prises de position pacifiques mais efficaces et acharnées, pour l'or bleu, source de vie. La région aux 100 000 lacs, les eskers, les rivières, l'Harricana... Cooooooolonisé... À libérer.

Oui, oui, j'ai vu le film de Dominic. Fabuleux de vérité, de sobriété, de respect pour l'homme et l'artiste. J'irai le revoir. C'est pas loin, Val-d'Or. Juste une heure et quart de route. En Abitibi, on ne compte pas en kilomètres, c'est bien connu, on compte en heures. Oui, oui, Josée est venue me voir après, quelle accolade! Tellement de beaux souvenirs partagés et on venait de vivre un moment fort avec Raôul, on en avait la même conscience, elle et moi. Elle m'a fait des confidences sur l'élan qu'elle avait eu quand elle m'avait vue arriver. J'étais émue, touchée en plein coeur. Cet univers était le mien, il l'est peut-être encore un peu, je crois. Oui, oui, je suis allée au Salon du livre aussi. Avec Maman. J'ai revu quelques vieux amis, pas beaucoup de livres. J'étais trop musique hier soir. J'étais Abitibi. Saoulée de nature et de culture, d'amis, de cadeaux de la vie.

mercredi 26 mai 2010

Zoom sur le gros nounours





Photos 1, 2 et 3 : C'était dimanche dernier, vers 14 heures, après dîner, on étirait la tasse de thé sur la galerie du camp, à Rapide Deux.

Zoom sur le gros nounours

Il s'en venait nonchalamment face à nous. Il avait le vent de son bord, comme toujours, il savait qu'on était là. Pas peur de rien ni de personne, lui... The King of the River. J'ai eu le temps d'aller à l'intérieur chercher mon appareil, remplacer les piles, marcher en direction de l'échelle de mon mirador pour mieux voir le fond du ruisseau, prendre quelques clichés avec mon vieil appareil mais les arbres m'empêchaient toujours de bien le voir pour le photographier. Mais pourtant en vrai, je le voyais très très bien. J'étais d'accord avec Crocodile Dundee quand il m'a dit : « C'est pas un enfant d'école, ça! »

Revenue à la maison, j'étais bien déçue de ne pas avoir capté ce moment comme je le voyais se dérouler sous mes yeux. Crocodile Dundee l'était encore plus que moi. Il a dit et je le cite : « C'est la dernière fois que t'as posé avec c'te cochonnerie-là, demande à Dominic de te conseiller pis on va t'acheter de quoi qui a de l'allure... »

La fin de l'histoire, on l'a sue parce que Crocodile Dundee est allé voir sur les lieux après, c'est que le gros nounours marche dans les traces des orignaux parce qu'à ce temps-ci de la saison, ces grands prédateurs ont faim, il n'y a pas encore de petits fruits, alors ils suivent les traces des mamans orignal qui mettent bas. Les petits veaux sont extrêmement vulnérables, des proies faciles pour les ours, les loups, les coyotes, etc.

Celui-là rôde toujours près de notre camp, on sait qu'il y a des orignaux chez nous, on en voit les traces toutes les fins de semaine.

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Le voyez-vous un peu mieux là? J'ai rajouté une autre photo ratée du nounours de dimanche dernier, je l'ai rapproché au maximum en trichant à l'ordinateur mais c'est toujours pas clair, je le sais... Voilà pourquoi Crocodile Dundee me disait que ça me prenait un nouvel appareil photo, parce que voir un ours plus proche que ça, ce ne serait pas confortable du tout... Et j'ai déjà raté plusieurs photos de lynx, de castors, même une fois, une loutre avec un poisson dans sa gueule et je ne sais plus combien de pygargues à tête blanche, de hérons, etc. J'espère que vous pourrez le voir cette fois, sinon vous allez finir par penser que je pète de la broue!!!

mercredi 19 mai 2010

Sentiments mélangés



Photo 1 : Lundi matin, à mon réveil, je n'ai pas pu faire autrement, j'ai couru sur le quai en pyjama avec mon appareil photo.

Photo 2 : En fin de semaine, au camp, ce petit mâle perdrix (tétras) me suivait partout et passait son temps à vouloir attirer mon attention. J'ignore pourquoi, je suis pourtant pas son genre...

Sentiments mélangés

Vous me direz qu'il n'y a pas de quoi écrire à sa mère mais j'ai une heure de libre et pas de sujets précis à aborder spécifiquement, quoique... oui, j'en ai un qui m'habite depuis samedi mais je me retiens à deux mains parce que j'en ai trop sur le coeur et je ne veux pas utiliser mon blogue comme un défouloir.

Comme toujours, quand ça va tout de travers dans la société où je vis, je me concentre sur les choses belles qui se produisent plus près de moi, en les surlignant à gros traits pour leur donner plus d'importance. Ça me console...

Je vais m'abonner

Je suis une grande consommatrice de magazines. Pourtant, je ne m'abonne jamais à aucun, comme si je ne voulais pas m'engager! Le plaisir que me procure le choix dans les kiosques à journaux, je ne voudrais jamais m'en passer. Ainsi, j'ai apprécié beaucoup la lecture du Québec Science édition avril-mai, où l'on abordait sous plusieurs angles les 100 ans de l'Abitibi. Enfin, quelqu'un a posé un regard sans préjugés, réaliste et actuel, intelligent et allumé sur ma région et ceux qui l'ont choisie. Ce magazine est vite devenu introuvable ici, on a littéralement dévalisé tous les étalages pour offrir à nos proches cette édition qui a fait chaud au coeur de tous ceux qui partagent notre sentiment d'appartenance à cette région toujours tellement méconnue.

Mais c'est à un autre magazine que je vais m'abonner : Nature sauvage. Je l'achète souvent mais là, j'ai été conquise. Des sujets qui m'intéressent vivement, des photos magnifiques, des articles bien documentés, scientifiques juste assez, pas trop, bien vulgarisés, des propos engagés et respectueux pour la faune, la flore, l'environnement, et l'humain dans tout ça. Tiens, par exemple, cet article, « Grand reportage photo, Les animaux en couple pour la vie ». Dans le monde animal, la monogamie étant l'exception, je savais que les huards et les loups étaient unis pour la vie mais il y en a d'autres pour lesquels la fidélité est une façon d'être. Les voici : Les castors (d'ailleurs, la photo est signée Luc Farrell, photographe animalier, l'un des sites que je vous propose en haut à droite). Ensuite, il y a les bernaches cravants, les pygargues à tête blanche, le pic flamboyant et quelques autres.

Parlant de fidélité...

Il y aura 32 ans demain que nous sommes mariés, Crocodile Dundee et moi. On ne fête jamais ça officiellement mais on a beaucoup de plaisir pendant des jours et des jours à se rappeler des étapes de notre parcours et on réalise de plus en plus la chance qu'on a eue de faire équipe dans la vie. Nous sommes amis depuis qu'on était voisins de pupitre en huitième année, en 1971. L'amitié a fait place à l'amour à sept heures et quart, le soir du 14 août 1976, comme un coup de masse en pleine face, et on s'est engagé pour la vie avec toute la naïveté du monde (!) le 20 mai 1978. Avez-vous déjà entendu le dicton « Mariage pluvieux, mariage heureux »? Nous autres, il neigeait des gros flocons mouillés quand on est sortis de l'église!

Pendant qu'on s'excite dans les médias

sur les déboires du gouvernement Charest, les scandales de corruption des grandes villes qui ne nous étonnent plus mais nous lèvent le coeur plus que jamais, ce qui nous pend au bout du nez dans notre système public de santé et services sociaux, toutes ces commissions d'enquête qui ne verront sans doute jamais le jour, et le reste, pendant ce temps-là dis-je, une commission parlementaire d'une très grande importance pour notre avenir se déroule à Québec et personne n'y fait la moindre allusion : La réforme de la Loi sur les mines. Des coalitions, des citoyens, des comités de vigilance, des groupes environnementaux et un seul parti politique (Québec Solidaire) se démènent pour se faire entendre et présentent des mémoires dans la plus parfaite indiférence alors que les intérêts des mines sont défendus par des spécialistes en communication à la solde des toutes puissantes minières. À l'heure actuelle, cette Loi pourrait s'intituler plutôt la Loi POUR les mines parce qu'elle est au-dessus de toutes les autres. Je ne crois pas que ça va changer avec cette commission parlementaire sur la réforme, puisque ça n'intéresse vraiment personne, semble-t-il.

Je vous jure que j'ai fait l'effort

de me retenir d'en parler... Mais si j'en parle pas un minimum, je vais éclater... Les élucubrations du cardinal TOuellet en fin de semaine... Le contraire absolu des fondements de l'église catholique « Aimez-vous les uns, les autres » au sens où je l'ai toujours compris, comme on me l'a toujours enseigné. Ça vient me chercher. Il a tenu devant une centaine de militants Pro Vie des propos homophobes, misogynes, accusateurs, culpabilisants, méprisants et dénués de toute humanité. Mais où il vit, lui? Sur quelle planète et en quelle année?

J'ai une telle rage au coeur depuis ce temps-là. Heureusement, des femmes, beaucoup de femmes ont ressenti au fond d'elles-même la même chose que moi avec une fougue qui n'a pas tardé à se manifester avec véhémence. C'était bien au-dessus de toute partisanerie politique. On a vu Pauline Marois, Christine Saint-Pierre et Josée Verner, d'une même voix, proclamer haut et fort leur mépris à l'endroit de telles absurdités. Dans les régions, partout, sur toutes les tribunes, des groupes de femmes ont réagi avec solidarité, justice, sensibilité et efficacité, en faisant mieux connaître les services, les ressources, les réseaux d'entraide que nous nous sommes donnés dans notre société. Par amour de la vie et du monde, justement!

Et je m'arrêterai ici. Non, à bien y penser, il faut encore que je vous en raconte un petit bout... Hier, j'ai passé une partie de la journée avec ma mère, 78 ans, une femme dont j'admire le jugement et la profondeur, amoureuse de la vie, croyante, catholique pratiquante, une femme de tête et de coeur, féministe avant l'heure, qui a une conscience sociale et un sens de la justice hors du commun. J'avais besoin d'avoir son point de vue. Quand j'ai abordé le sujet, elle a baissé les yeux, elle m'a dit doucement : « Ah si tu veux, on parlera pas de ça... » J'ai bien senti sa souffrance. Le mot n'est pas trop fort. Mais j'ai insisté, c'était trop important pour moi d'en discuter avec elle. On en a parlé pendant un bon moment. Pour une fois, elle était la plus nuancée de nous deux, c'était moi la fougueuse. Mais nous étions d'accord sur le fond. Toutes générations confondues, nous avons été solidaires. Ça ne m'étonne pas du tout et ça m'a réconciliée avec la vie. C'est ma mère qui m'a tout appris de la justice et du « Aimez-vous les uns, les autres ».

mardi 11 mai 2010

La Fête des voisins




Photos 1, 2 et 3 : C'était le même matin, à quelques minutes près, il y a une dizaine de jours, Monsieur et Madame Canard se courtisaient et s'impressionnaient mutuellement. Je les vois moins ces jours-ci, je crois qu'ils ont découvert les joies de l'amour. Sûrement qu'on verra bientôt Madame sortir de dessous la maisonnette avec sa nombreuse marmaille... Chaque mois de mai, ils sont nos voisins!

La Fête des voisins

Je vous en parle souvent, j'habite dans un aquarium tout vitré sur une presqu'île du lac Dufault. Divisant la presqu'île en deux parties égales, le chemin passe à peu près au milieu de la trentaine de maisons qu'on y trouve de chaque côté : la rive sud, la mienne, et la rive nord, celle de mes voisins d'en face. Mais beaucoup d'autres riverains sont installés aussi sur d'autres rives de MON lac!

Nous avons tous notre histoire farfelue et invraisemblable sur la manière dont nous avons abouti jusqu'ici. Un vrai petit village. Sans le memérage! Et même si tout le monde se mêle de ses affaires, il y a un très fort sentiment d'appartenance, un esprit de solidarité et d'entraide qui sait se manifester discrètement lorsqu'il le faut. Nos liens se sont tissés avec le temps, lorsque nous devions faire des représentations politiques à la Municipalité de Lac Dufault mais depuis que nous sommes fusionnés à la Ville de Rouyn-Noranda, un peu noyés dans cette plus grande communauté, nous sommes tombés très tranquilles politiquement...

Ce qui a consolidé nos liens d'amitié et de bon voisinage à tout jamais, je crois, c'est surtout d'avoir élevé nos enfants ensemble, dans cette petite communauté du chemin des Castors. Ils étaient nombreux à l'arrêt de l'autobus scolaire pendant toutes ces années du primaire et du secondaire et leur vivacité n'avait d'égale que leur énergie pour nous entraîner dans toutes sortes d'aventures et en toutes saisons. Maintenant, nos enfants font leur vie, ils n'habitent plus ici mais les parents sont restés. Et des nouveaux sont arrivés remplaçant ceux qui devaient partir. C'est ainsi que l'année dernière, Lise et Réal ont eu l'idée d'organiser notre première Fête des voisins.

Pour en savoir plus sur la Fête des voisins, une initiative du Réseau québécois de Villes et Villages en santé, qui prend chaque année plus d'ampleur, je vous invite à visiter leur site très bien fait : http://www.fetedesvoisins.qc.ca/

L'initiative de Lise et Réal a eu un succès fou l'année dernière et la participation des voisins a été au-delà de toutes nos attentes. Les invitations avaient été remises deux semaines à l'avance en main propre à chacune des maisons de la presqu'île et elle en a surpris plusieurs. Il était convenu que la rencontre avait lieu dans le stationnement chez Lise et Réal, on suggérait d'apporter « un verre de drigne » pour toi et un autre à offrir au voisin de ton choix. On suggérait aussi d'apporter ton sac à poubelle et des gants, parce qu'en fin d'après-midi, on allait tous ensemble faire le ménage à la plage des Castors, celle qu'on n'utilise jamais, nous, mais que les gens de la ville envahissent à chaque été et massacrent allègrement sans que nous ne puissions rien y faire...

Nous en avions profité pour jaser quelques mots avec les nouveaux voisins qu'on connaît de vue seulement, faire les présentations officielles, créer de nouveaux liens, partager ce qui nous rassemble et discuter de nos préoccupations très locales! Après une heure ou deux, nous étions tous prêts à aller ensemble à la plage, affronter la pollution et les négligences accumulées. Le fun qu'on a eu à travailler ensemble... Là, on est devenus tellement plus solidaires encore.

Avec l'énergie multipliée par la bonne humeur et l'esprit de la fête, on s'appropriait de la plage de notre presqu'île pour la journée et des montagnes de détritus s'accumulaient à mesure qu'on prenait soin de tout ramasser. Nous étions découragés des « étranges » mais si fiers de nous. Malgré que l'on ne profite jamais de cette plage superbe, on se sent tous responsables d'y voir parce qu'elle est chez nous, sur notre presqu'île qu'on aime tant. Les voisins rivalisaient d'ingéniosité pour transporter la matière, recueillir la vitre cassée, recycler ce qui pouvait l'être, disposer de manière respectueuse pour l'environnement de tous ces déchets, toutes ces laideurs et affaires malpropres. Ça prenait effectivement des gants... et beaucoup de bonne volonté!

À la fin, nous étions proches de l'heure du souper. On ne voulait plus se lâcher, tellement on était contents de mieux se connaître et d'avoir travaillé ensemble. Là, j'ai eu une idée, j'en ai parlé à Lise et Réal qui étaient bien d'accord, je l'ai soumise à Ti-Pom qui en a parlé à Richard, qui a une grosse voix qui porte. Il est grimpé dans la brouette sur la plus grosse accumulation de détritus et il a crié : « Y en a tu que ça leur tente pas de faire à souper? Francine nous invite tous au P'tit Lutin!!! ». Évidemment que j'ai pas payé la facture, nous étions trop nombreux à souper ensemble au restaurant familial pas loin de chez nous! Il y a trois millionnaires qui habitent ici mais aucun des trois n'était à la Fête des voisins!

Après le souper non plus, on ne voulait plus se quitter, alors Alain et Danièle ont fait un gros feu chez eux et on a veillé là pas mal tard. La Fête des voisins qui ne devait durer que quelques heures s'était prolongée pour beaucoup d'entre nous.

Lise et Réal ont passé le flambeau pour l'organisation de cette deuxième édition de la Fête des voisins chez nous. C'est moi qui ai eu l'honneur, ce serait trop long de vous expliquer comment et pourquoi... J'ai l'intention de conserver la même formule toute simple, l'objectif étant de nous rassembler sans se donner trop d'ouvrage, sinon personne ne voudra reprendre le flambeau pour l'an prochain.

Le rendez-vous aura lieu dans notre stationnement. Ce jour-là, on mettra les bagnoles... chez nos voisins! En cas de pluie, on ira tous dans le garage. On rit toujours beaucoup dans notre garage, c'est déjà un lieu de rencontre de plusieurs voisins voisines en temps ordinaire et Crocodile Dundee a promis d'y faire son grand ménage!!! Au lieu du samedi après-midi 5 juin, ce sera plutôt le vendredi 4 juin, un 5 à 7, on verra bien si ça s'étire plus longtemps... Moi, j'ai aucun doute, on va encore cinq-à-septter trop tard! On s'apporte un verre de drigne et un autre à offrir, bien sûr, et ceux qui le veulent apporteront des entrées, des bouchées, après tout, on sera à l'heure du souper. Pour le reste, je suis en train de réfléchir à ce qui pourrait être rassembleur, mobilisateur, pas compliqué, inclusif et amusant. Aujourd'hui, j'irai à la Ville de Rouyn-Noranda pour y inscrire notre fête de quartier, chercher le matériel fourni pour les invitations, etc.

Si vous trouvez que l'idée est bonne, rien ne vous empêche d'en organiser une semblable chez vous, le site Internet de la Fête des voisins regorge d'outils, d'idées, de témoignages, de bons conseils et de pistes intéressantes. Ça prend juste un ou une brave pour défricher le sentier et instaurer une première édition qui deviendra peut-être une tradition, qui sait. Et si vous avez des suggestions pour mon 5 à 7 des voisins du 4 juin, je suis preneuse!

lundi 3 mai 2010

Fin de l'histoire du patio d'en haut




Photo 1 : Dimanche 2 mai 2010, juste avant souper. Papy l'avait dit qu'il terminerait le patio d'en haut dimanche.

Photo 2 : Ne reste plus qu'à serrer les outils mais on va quand même prendre le temps de jouer!

Photo 3 : Pour brûler les retailles de bois, rien de tel qu'un beau feu. Félixe a appris deux nouveaux mots hier et elle les répétait sans arrêt, avec beaucoup d'expression : feu euf feu et bôôôô bôôôô feu.

Fin de l'histoire du patio d'en haut

On m'avait dit qu'on voulait savoir la fin de l'histoire. La voilà. Lundi dernier, Crocodile Dundee arrivait de travailler avec une idée en tête prête à mettre à exécution : refaire le patio d'en haut. Il fallait d'abord « déconstruire », ce qu'il a fait avant souper, dans à peu près 10 minutes!

Au cours de la semaine, les soirs où il n'y avait pas de match de hockey, il planifiait son affaire, charroyait le bois, calculait les angles et maximisait l'espace. Vendredi après-midi et tout au cours de la fin de semaine, avec l'aide de quelques proches auxquels nous voulons dire merci, le patio d'en haut prenait forme, beaucoup plus sécuritaire qu'avant, un peu plus grand aussi.

On m'a déjà dit de ne pas me gêner pour raconter ici des petits bonheurs de rien du tout, que notre monde avait bien besoin de ces histoires sans prétention de la vie quotidienne. Celle-ci en était une...

samedi 1 mai 2010

Soupers de Gaulois et anti soupers


Photo : C'est ça, un souper de Gaulois. Celui-là, c'était chez nous, il y a quelques années, sur le patio d'en bas, protégé par le patio d'en haut, parce qu'il y avait apparence de pluie.

Soupers de Gaulois

Vous vous souvenez d'avoir lu les bandes dessinées de la série Astérix? À la dernière page, ça finissait toujours par un souper de Gaulois. Des tables dehors, du sanglier, il y avait toujours le barde qui s'évertuait à chanter jusqu'à ce que quelqu'un se décide à l'attacher pour le museler? Il y a toujours un feu, du vin, de l'ambiance, tout le monde rit? C'est ça, un souper de Gaulois. On en fait souvent chez nous et chez nos amis. D'ailleurs, ce soir on en a un chez nos amis de l'avenue des Iles. S'il pleut trop, on va rentrer les tables dans la serre, on a tout prévu. Le souper de Gaulois sur ma photo, c'en est un tout petit, nous n'étions pas beaucoup cette fois-là, d'habitude, la gang est plus nombreuse. On apporte chacun un plat, n'importe quoi, de l'entrée au dessert, et du vin, bien sûr, une trouvaille à partager, un produit régional à découvrir, ça fait toujours des mélanges savoureux. Ailleurs, ça s'appellerait un souper communautaire mais ici, dans notre gang, on dit un souper de Gaulois!

... et anti soupers

Les anti soupers, c'est mon concept et j'en suis fière! L'ambiance est un peu la même qu'un souper de Gaulois, ça se fait dehors, mais il y a un règlement très strict : Personne aux cuisines ni même au Bar-B-Q, sauf exception pour le Bar-B-Q mais c'est tout juste, personne à la vaisselle non plus, personne qui met la table, personne qui travaille. T'apportes un plateau de ce que tu veux mais ça doit se manger en bouchées, sans assiette ni ustensile. Au pire, si tu ne peux faire autrement, tu laisses un ustensile dans le plateau mais c'est tout. Et ton plateau, tu le ramènes chez vous à la fin de la soirée, on te le lave même pas!

Un anti souper, ça a un peu l'allure d'un 5 à 7 qui s'étire, sauf que tu manges si t'as faim, quand t'as faim, tu piges dans les plateaux, tu goûtes à ce qui t'attire, tout est là. Il y en a qui peuvent arriver à 17 heures après le travail, ils prennent l'apéro, d'autres iront jouer leur match de soccer et se joindront à nous vers 19 heures, après leur douche, d'autres arriveront à l'heure qui leur convient, en vélo, en canot ou en kayak, c'est surtout la liberté, le plein air, le plaisir de la rencontre et l'amitié qui sont au menu de nos anti soupers.

Pour vous donner quelques exemples, on a eu des variétés de pains et de fromages, des légumes avec trempettes, des bouchées d'épinard, etc. Une fois, Marcel nous avait apporté son saumon mariné, on s'en détachait des petits morceaux à mesure, on se battait pour les derniers. Une autre fois, Jean et Nicole avaient apporté leurs tartes aux tomates, coupées en petites pointes, on s'en volait tant qu'il en restait. Aussi, une autre trouvaille pour les anti soupers, ce sont les natchos en forme de cuillères (scoops) avec la salsa maison de Gilles et Martine, la boule au thon avec des noix, qu'on étale sur des craquelins, celle aux olives, la spécialité de Ti-Pom, la bruschetta, toujours un succès, et quoi encore? C'est là qu'on a découvert une petite entrée surprenante dont je vous donne la recette du côté des commentaires. Mes amis sont très créatifs, un peu gourmands, et tout le monde respecte le règlement. C'est tout sauf un souper, c'est un anti souper!